Cameroun, Extrême Nord : enfants privés de liberté et enfants à risque

Notre case, fondation solide d’une vie nouvelle

Samuel (nom prêté) 16 ans est un enfant qui vit avec son petit frère dans la rue depuis qu’il a 7 ans et ce dernier 4 ans. Issus d’un père alcoolique instable et d’une mère malade mentale, les deux frères passent toute leur vie au marché d’une ville de la Région de l’Extrême Nord. Avec les autres enfants de la rue, ils font de petites tâches rémunératrices qui leur permettent d’avoir de quoi subvenir à leurs besoins de base.

 

Dès les premiers entretiens par l’animateur ALDEPA, Samuel avait expliqué que son frère et lui dormaient dans la rue à cause de l’inexistence d’un domicile familial. L’équipe du projet a recherché auprès de la famille proche ou élargie une personne capable de les accueillir temporairement. Cette recherche a donc porté sur un ancien ami d’enfance de leur père qui a déploré le fait de n’avoir pas un espace pour les accueillir. Cependant ce dernier a montré aux deux enfants un espace où ils pouvaient construire une case pour se loger.

 

Samuel et son petit frère ont fait appel aux autres enfants de la rue pour les aider à construire leur case. Une fois l’élévation des murs terminée, les deux enfants ont sollicité auprès d’ALDEPA un appui pour la toiture. Appui accordé après vérification de l’état d’avancement des travaux et l’enregistrement de l’engagement des enfants à s’y installer.

Une fois la toiture terminée, ils ont intégré leur case et dès lors ils ne dorment plus dans la rue. Les témoignages de leurs hôtes sont rassurants. Bien qu’ils continuent à passer la majeure partie de leur temps dans la rue pour gagner l’argent nécessaire pour subvenir à leurs besoins, Samuel et son frère contribuent à l’exécution des tâches de la famille d’accueil à travers la recherche de l’eau, le balayage de cour et les petites commissions.

 

Maintenant Samuel voudrait se former comme meunier. Son jeune frère, 11 ans, a été scolarisé en CE1. Il a un peu de mal à s’habituer à la discipline scolaire mais à la prochaine rentrée il passera en CE2. Les deux enfants bénéficient toujours d’un suivi éducatif dans l’espoir de leur réussite.

« Je suis fier du métier que j’ai choisi »

Paul (nom prêté), 17 ans, a passé un an et demi en prison.  Pour sa réinsertion professionnelle il a choisi la couture et a été placé en apprentissage pendant un an dans un atelier de couture tenu par Mr Oumarou.

 

Chaque année, l’équipe d’ALDEPA organise au quartier des mineurs une « foire des métiers » pour permettre aux enfants détenus d’avoir une vision des différentes opportunités de métiers. M. Oumarou a été identifié pour animer le volet couture.

 

Lors de la préparation de l’activité, Paul a sollicité participer à cette foire des métiers. Voyant là le moyen de le valoriser, M. Oumarou a donné son accord. Ils ont travaillé ensemble pour préparer leur présentation.

 

A leur arrivée à la prison, tout le monde était surpris de voir Paul aux cotés des formateurs. Le regard des gardiens de prison était chargé de respect et de considération. Avec ses ex camardes du quartier des mineurs, c’était d’abord la surprise, ensuite le respect, puis des interrogations. Avant la mise en place de l’activité, les camarades proches de Paul se sont approchés de lui pour demander comment il a fait pour réussir dans ce métier, qu’est ce qu’il gagne dans cette activité. Ça été l’occasion pour lui de leur montrer son parcours vers la réussite.

Pour la présentation, M. Oumarou a laissé Paul faire les démonstrations pratiques de couture. Après sa démonstration, Paul a reçu les applaudissements de ses ex camarades. Deux d’entre eux ont posé des questions sur des aspects techniques et M. Oumarou l’a laissé répondre en premier avant d’apporter d’autres éléments complémentaires. On voyait dans la mine réjouie de Paul une lueur de satisfaction et de fierté d’avoir accompli quelque chose d’extraordinaire.

Succès exceptionnel au niveau juridique: libération d'enfants soupçonnés de terrorisme au Cameroun

A l’Extrême Nord du Cameroun, des enfants sont enlevés ou enrôlés par les groupes terroristes et utilisés pour des attentats. Des mineurs soupçonnés d’être en contact avec ces groupes sont aussi arrêtés et placés en prison. Dans le cadre de notre projet de justice juvénile, notre partenaire ALDEPA a régulièrement encadre les enfants au quartier pour mineurs de la prison de Maroua et leur apporte une assistance juridique.

 

Grâce à une demande en procédure d'habeas corpus introduite par l’avocat mandaté par ALDEPA et le soutien des membres de la plateforme des acteurs de la justice juvénile du Diamaré à Maroua, 23 enfants soupçonnés d’être en contact avec des groupes terroristes et en détention depuis 2014 et 2015 ont été libérés fin mars par le tribunal. Cette décision est une première et constitue un succès exceptionnel.

 

Les enfants de nationalité camerounaise sont effectivement sortis de prison le jeudi 6 avril. Les autorités demandaient que les enfants étrangers soient remis dans leurs pays par les forces de maintien de l’ordre.

Cette solution n’est pas à la faveur des enfants étant donné les risques d’enrôlement ou de nouvelle incarcération, ou de récupération et de mauvais traitements encourus par ces enfants. Pour cette raison, le soutien des Nations Unies en premier chef  l’UNICEF a été d’un grand apport afin que ces enfants ne soient pas renvoyés jusqu’à ce que ce que la procédure de recherche de leurs familles soit aboutie, mais que les enfants soient aussi placés à l’ICE en attendant et non en prison. Le délégué de l'administration pénitentiaire et le régisseur ont bien collaboré et ainsi, les enfants étrangers ont aussi été libérés et orientés vers l’Institution Camerounaise de l’Enfance de Maroua (ICE). La bonne collaboration avec les acteurs divers de la protection des enfants dans la région est une réussite d’ALDEPA.

 

Les 23 enfants libérés ont bénéficié d’un placement administratif à l’ICE de la part de la délégation régionale des affaires sociales (DRAS) en attendant leur retour progressif en famille. Ils ont reçu des kits de réinsertion, c’est-à-dire des soutiens matériels, comme des vêtements et des produits d’hygiène. Un atelier sur la citoyenneté, la paix et le vivre-ensemble a été organisé par ALDEPA à leur intention pendant que l’équipe de la DRAS et de l’ICE s’occupent de leur prise en charge psychosociale. Les éducatrices travaillent avec eux sur leurs projets de vie qui seront soutenus une fois finalisés pour leur réinsertion communautaire.

 

La recherche des familles s'était intensifié après la libération. Elle n’avait pas pu aboutir auparavant parce que leur situation n’était pas clarifiée et leurs familles ne sont pas présentées.

 

Il s’est avéré que certains enfants dits étrangers ont des souches familiales au Cameroun. La recherche des familles des enfants qui sont étrangers se faisait aussi dans le camp des réfugiés par l’équipe d’ALDEPA et le HCR.

La DRAS et ALDEPA feront le suivi de ces enfants en familles pour faciliter leur réinsertion.

 

Le ministère des affaires sociales a mis à disposition de l´institution aillant recueilli les enfants après leur libération, 4 nouveaux travailleurs sociaux afin d´assurer la prise en charge psychologique. La recherche des familles par ALDEPA s´est révélée fructueuse, si bien qu´au 10 mai prochain, tous les enfants – à l´exception de deux adolescents nigériens – seront retournés dans leur famille, même ceux venant de régions difficilement accessibles. La réinsertion des enfants dans leur famille a été soutenue de manière administrative par le ministère des affaires sociales, pendant que ALDEPA préparait les familles au retour des enfants.

photo en tête : enfants privés de liberté. © Jacky Naegelen/Reuters

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