Pour les filles célibataires des régions Ségou et Koulikoro, le travail d’aide-ménagère non-qualifiée dans une grande ville est souvent la seule perspective pour gagner sa vie et soutenir sa famille. Elles quittent ainsi leurs villages pour la capitale. Mais elles sont peu préparées à la vie en ville et beaucoup d'entre elles n'ont que 12 ans.
Un grand nombre de ménages à Bamako emploi des filles domestiques mineures. Elles y travaillent dans des conditions précaires sans accès à leurs droits fondamentaux de travailleuses tels que la sécurité sociale, des horaires décents et réguliers, un jour de repos hebdomadaire et des congés payés. En conséquence, ces filles sont exploitées ou maltraitées et risquent des problèmes de santé physique et/ou mentale. Cette situation d'exploitation est favorisée par la méconnaissance des filles de leurs droits et l'absence d'un environnement social protecteur.
L'exploitation économique des filles et les violences ou abus sexuel se rencontrent dans 50 % des cas. Quand les filles tombent enceintes, elles sont abandonnées sans aide. On remarque ainsi un nombre croissant de jeunes mères en détresse qui ont perdu leur emploi et ne peuvent plus retourner en famille à cause de leur enfant. Dans la rue, sans protection et soutien, elles font face à des problèmes multiples.
Contribuer à l’application effective des droits des filles et à l’émergence d’une société malienne où les femmes sont pleinement citoyennes :
Coûts du projet : 848.335 Euro
Partenaires financières :
Mon nom est Aga (nom prêté). Je suis originaire de la région de Koulikoro. Depuis toute petite, mes parents m’ont donné en mariage forcé à un Monsieur que je ne veux pas prononcer son nom. Dans ce mariage, j’ai eu un enfant avec le Monsieur. Le Monsieur m’a dit que l’enfant n’ait pas de lui. Dans ce mariage, il me prenait comme son esclave, me parlait mal, souvent me frappait.
Un jour, je suis allée dans un village voisin pour la foire. De là-bas, j’ai fui pour venir à Bamako. Ça me fait 3 ans que je suis à Bamako. A Bamako, j’ai commencé par la vente de l’eau, des habits pour enfant au grand marché ensuite j’ai fait le travail domestique. Quand j’ai commencé le travail domestique, on me payait 10.000 Fcfa le mois, avec une autre grossesse, j’ai utilisé l’argent.
A la naissance du bébé, personne ne me voulait comme travailleuse domestique. J’ai passé des semaines à me promener. Un jour une vieille m’a vu dans la rue et m’a dit de venir travailler avec elle. La dame fait la vente de nourriture au marché. J’ai fait quelques mois chez la dame. Mon enfant tombe malade chaque fois. Un jour, on m’a parlé d’un vieux qui guéri les enfants des maladies et qu’il vit sur la colline. J’ai pris mon enfant pour aller voir le vieux. Sur place, le vieux voulait que je lui donne mon enfant et que je retourne le lendemain ; j’ai refusé.
Ne sachant pas où aller, je me suis dirigé à la police pour déposer mon enfant. La police m’a demandée si j’aime mon enfant, j’ai dit oui, mais que je veux la déposer à la pouponnière et venir la voir de temps-en-temps.
La police a ensuite appelé le GRADEM qui est venu me chercher. Le GRADEM m’a aidé dans le soin de mon enfant qui a passé un mois et demi à l’hôpital pour des soins. Le GRADEM m’a aussi aidé à rentrer en contact avec mes parents. Ma maman a effectué le déplacement pour venir me chercher à Bamako.
photo en tête : marche des filles ménagères à Bamako pour le renforcement de leurs droits fondamentaux comme employées. © GRADEM